Où il est question de farine et de violence

11 mars 2008

Où il est question de farine et de violence

Ce matin, on a fait un gateau.

Auriane casse les oeufs, touille, mélange, éclabousse, renverse, s'éclate.

Elle veut faire tout toute seule, est-il nécessaie de le préciser ?

Un petit moment privilégié comme je les aime.

Ma miniloute est debout sur sa chaise, fière, le sourire radieux.

Notre préparation touche à sa fin.

- Voilà Auriane, on a fini. Je coupe les pommes, et on va beurrer le moule.

- Non, pas fini ! Enco' suc !

- On en a mis assez déjà ! Ca va être trop sucré !

- Enc' fayine !

- Allez, je coupe les pommes, tu les mets dedans d'accord ?

Je m'exécute. Puis je beurre le moule, ajoute de la farine. Et je tape le moule pour que le farine adhère partout.

Erreur.

Elle me crie :

- Maman, pas taper, pas bien ! A mal le moule ! Pas taper !

Euh...

C'est tout ce que j'ai réussi à lui dire... "euh"...

En clair, je viens de me faire gronder par ma fille de 2 ans à peine.

Le point positif, c'est que le messge est passé. Il ne faut pas taper. Le Dalaï-Lama est battu à plate couture.

Je ne m'y attendais pas à celle-là. Alors je lui explique qu'un moule ne peut pas avoir mal, que je tape pour faire bouger la farine...

Comment lui expliquer que je tape sur le moule "pour la bonne cause" ? Et comment lui expliquer ensuite qu'il ne faut pas qu'elle tape ses jouets partout, même s'ils n'ont pas mal ? En lui disant que ça n'a pas de sens de frapper ses jouets ? Mais pour elle ça n'a pas plus de sens de faire bouger de la farine... Et comment lui dire qu'il ne faut pas imiter maman tout le temps ? En lui émontrant qu'elle ne saisit pas le sens profond de nos actes ? Bah voyons...

Mais pourquoi le destin d'une maman, c'est de se poser des questions existentielles sur la violence en préparant un gateau au yaourt ?

Le comble, c'est que je me sens morveuse...